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Milton, Helene… Une saison d’ouragans exceptionnelle dans l’Atlantique Nord

« Une question de vie ou de mort. » Le président américain, Joe Biden, n’a pas mâché ses mots, mardi 8 octobre, pour convaincre les habitants de Floride, le troisième Etat le plus peuplé des Etats-Unis, d’évacuer leurs habitations avant l’arrivée de l’ouragan Milton. Ce cyclone « extrêmement dangereux », qui doit toucher terre dans la nuit de mercredi à jeudi, pourrait être la « pire tempête » à frapper cette péninsule en un siècle, a-t-il expliqué.
L’ouragan est classé en catégorie 5 (la plus élevée) sur l’échelle de Saffir-Simpson, c’est-à-dire avec des vents supérieurs à 209 kilomètres/heure (km/h). Il s’est intensifié à un rythme record. « Il a gagné 80 nœuds en vingt-quatre heures, soit la plus forte intensification jamais enregistrée pour une tempête du golfe du Mexique sur une période de vingt-quatre heures », précise Philip Klotzbach, chercheur à l’université du Colorado, spécialisé dans le suivi des ouragans.
Evoluant dans le golfe du Mexique, Milton devrait toucher terre dans la région de Tampa, une métropole de 3,3 millions d’habitants. Au-delà des dégâts occasionnés par les vents, les prévisionnistes ont mis en garde contre la possibilité d’une onde de tempête de 3 à 4,5 mètres dans la baie de Tampa, la plus élevée jamais prévue pour cette localité.
Le sud-est des Etats-Unis se remet à peine du passage d’Helene, un ouragan dévastateur à l’origine d’inondations et de dégâts considérables dans une demi-douzaine d’Etats, entraînant la mort d’au moins 234 personnes.
Cette succession marque une recrudescence de l’activité cyclonique dans l’Atlantique Nord. D’autant que Milton n’est pas seul : deux autres cyclones évoluent actuellement dans le bassin, Leslie et Kirk. « Pour la première fois dans les annales, l’Atlantique compte trois ouragans simultanément, après le mois de septembre », explique M. Klotzbach.
Fin mai, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) avait dit s’attendre à une saison d’ouragans « extraordinaire » dans l’Atlantique – qui s’étend officiellement du 1er juin au 30 novembre. En cause : l’arrivée probable, à l’automne, du phénomène naturel La Niña, qui favorise leur formation, et surtout des températures exceptionnellement élevées de l’océan depuis plus d’un an. La NOAA anticipait entre dix-sept et vingt-cinq tempêtes auxquelles serait attribué un nom, dont huit à treize ouragans. Le bassin en a d’ores et déjà enregistré respectivement treize et neuf.
Le dérèglement climatique augmente la proportion des cyclones les plus intenses dans l’Atlantique Nord, ainsi que la quantité de pluies générée par ces phénomènes. De quoi entraîner plus de dégâts et accroître la mortalité. La hausse du mercure provoque également une intensification rapide des cyclones. Enfin, la fréquence de ceux-ci semble avoir augmenté dans le bassin depuis les années 1970.
Des ouragans aussi intenses qu’Helene, le plus meurtrier à avoir frappé les Etats-Unis continentaux depuis Katrina, en 2005, sont environ 2,5 fois plus probables dans le climat actuel, alors que la planète s’est réchauffée de 1,3 °C depuis l’ère préindustrielle, selon une étude publiée, mercredi 9 octobre, par le World Weather Attribution (WWA). Ces travaux montrent que les vents du cyclone ont été rendus plus intenses de 11 % en raison du changement climatique, et les précipitations plus importantes de 10 %. L’élévation des températures du golfe du Mexique ayant alimenté l’ouragan a en outre été deux cents à cinq cents fois plus probable, en raison du réchauffement. « Les ouragans continueront à s’aggraver si l’homme continue à brûler des combustibles fossiles et à réchauffer la planète », prévient Friederike Otto, responsable du WWA et climatologue à l’Imperial College de Londres.
Audrey Garric
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